Mars 2007

Supporter du PSG… Les rires, déjà, lèchent mes entrailles. Les rires des autres. Ceux convertis en 1998, ceux complexés par leur province, ceux qui voudraient raser et pourquoi pas fusiller tout Boulogne, ceux qui écrivent Football avec un petit f cynique et dédaigneux. Tribune K Bleu Bas, rang 1. Géographiquement à la droite de Boulogne, juste histoire d’écoeurer un peu plus les curieux. Dix années d’abonnement. Même place, les genoux comprimés par ce balcon de béton, glacial été comme hiver, mon nom sur le siège, mon meilleur pote à ma gauche. Les cris, les insultes, les joies, les explosions, la mauvaise foi, les larmes parfois, bien rentrées, la mauvaise foi encore, la haine des arbitres, les plaisanteries qui soignent, la vie. 1980 : un ange se pose au Parc. Rocheteau choisit le PSG et je le suis. Aveuglément. À l’école, déjà, les paysans sans style ironisent. À l’heure des échanges de vignettes Panini, les doubles des joueurs parisiens atterrissent systématiquement sur mon pupitre, “Tiens, le faux Parigot, colle toi au cul tes pauvres joueurs. Hé, j’ai celle de la salope de Rocheteau, tu la mettras sur tes chiottes.” Les enfants sont formidables.
J’achète Onze et, interdit de télévision, j’écoute la radio, tout le temps. Je vibre dans le noir, partage les victoires avec Dieu, vu que mon entourage, lui, semble avoir choisi les Canaris, les Verts ou les Girondins. Tsoin, tsoin. Marseille n’intéresse alors personne. Douce époque. Luis, Safet, la liste est longue. Elle n’appartient qu’à moi. Je ne suis pas un historien, juste un barbare qui sait pleurer. Les matches se confondent tous. Très vite, je comprends que supporter le PSG, c’est d’abord accepter une évidence : l’obsession de la victoire est un passetemps réservé à ceux qui confondent réussite et appartenance. Et puis, si Paris gagne, c’est parce que la Capitale bénéficie de soutiens souterrains, ou qu’elle a affronté un adversaire déjà soumis. Et si Paris perd, c’est l’expression de la justice totale. Moi, derrière les moqueries, je sais. PSG ne sera jamais une machine à gagner, malgré les titres, malgré les grands joueurs qui ont honoré le maillot. PSG, c’est le refuge de ceux qui ne veulent pas se contenter de respirer. Une tragédie pathétique. Seul(s) contre tous. Un miracle.
Le Parc des Princes. Un vaisseau spatial échoué sur Terre. À jamais. Acoustique de l’apocalypse, chants qui prennent à la gorge, le stade de la fidélité toujours au rendez-vous. La première fois, c’est le choc. Mes jambes tremblent. Le petit garçon a grandi mais pas tant que ça. Weah marque. Un inconnu se jette sur moi, il pleure, non ? Je communie. Je comprends. Les rumeurs perçues à la radio s’incarnent. Ici, c’est Paris. Ici, c’est chez moi. Pour la vie.
Championnat de France, Coupe de France et de la Ligue, Coupe d’Europe, Raï, Pilorget, Pouget, Madar, Le Guen, N’Gotty, Fournier, Gaby, Valdo, Rabesandratana, Leonardo, Bats, Lama, Ginola, tout se mélange, encore une fois. Quand le PSG domine, années 90, c’est évidemment le bonheur, quand le PSG est bafoué par Biétry et tous les autres, c’est la guerre. Mais c’est exactement la même. Appartenance.
Celui qui croit à la victoire éternelle est un crétin. Ou un Lyonnais. Presque pareil. Quand les trompettes du succès auront cessé leur douce et martiale mélodie, les stades se videront. Tous. Sauf le Parc. Bien sûr, ici comme ailleurs, les mécréants s’abonnent. Mais ils ne font que passer. Le Stade Français leur tend les bras, qu’ils n’hésitent pas. Un nouveau déguisement, rose, pourquoi pas ? Je n’ai jamais su composer, jamais su faire la part des choses. J’aime le stress d’avant match, j’aime la tristesse et la solitude d’après match. Tout le monde aime la victoire. Mais c’est bien sûr dans la défaite que les vrais supporters se reconnaissent. J’aime surtout l’idée que, parce que je suis un supporter du PSG, je vais irriter, agacer, dégoûter, voire faire peur. J’aime ça. Nobody likes us and we don’t care. La devise de l’équipe anglaise de Millwall. Je la revendiquerai jusqu’à ma mort. Aujourd’hui, le PSG sombre. Depuis 1998, il a entamé son lent processus d’auto destruction. Gestion catastrophique, conflits de couloirs, viol du maillot… Mais quel genre de mari quitterait sa femme parce que le médecin vient de confirmer que c’était bien un cancer qui la rongeait ? Une enflure, rien d’autre.

La ligue 2 est en vue. Ça me réveille la nuit. Je fixe le classement et mes yeux ne peuvent plus s’en détacher. Je calcule, prévois dans le vide. Je hais Paris parce qu’il me déçoit, parce qu’il me rend fou, parce qu’il gangrène ma vie sociale. Et donc je l’aime. Pour plaisanter, je me dis que le prix de l’abonnement l’année prochaine sera dérisoire, blablabla. J’ai peur. C’est certainement ridicule, “le football, c’est juste un ballon qui entre (ou pas) dans une cage”. Mille fois cette phrase m’a été jetée à la face. Circonstance aggravante : je n’étais pas seulement un supporter. J’avais choisi le PSG. Club de nazis, club de riches, club corrompu, club Canal.
Mon club. La tête de Kombouaré. Le coup franc en Belgique. Le 3-0 à Marseille, Ronnie qui humilie avec grâce. Galatasaray. La Juventus qui mérite ses applaudissements. 1982, la Coupe, ma chambre d’enfant excroissance impossible du PSG. La Corogne intraitable. Les poings serrés. Souvent. Encore. Champion de France. Le pointu de Leroy contre le Bayern. Bordeaux qui fête son titre au Parc. Les Champs-Élysées en avril. Raï qui pleure.
Alors, la Ligue 2, je prends aussi. Pas grave. Terrible. Mais pas grave. Être supporter du PSG, ça ne sert à rien. Ça ne vaut pas une femme, des enfants, une existence. Je ris maintenant. L’orgasme est une foutaise comparée à l’instant où ce ballon minable franchit la ligne. Et où le Parc défie la gravité. Une foutaise ! Quand votre meilleur pote (toujours le même) vous massacre l’épaule parce que là, tout de suite, plus rien ne compte, plus rien ne compte. Tout est là. 25 ans d’appartenance.

Il y a quelques années, en soirée :

- Si tu devais choisir entre moi et le PSG vainqueur de la Ligue des Champions, mon amour ?
- Chérie, serait-ce du pur masochisme, ainsi, en public, ou bien…
Elle est depuis sortie de ma vie. J’ai même aujourd’hui du mal à me souvenir de la couleur de ses yeux.
Diané, Cissé, tous les boiteux du PSG, eux, sont là. Aujourd’hui. Demain.

Dieu n’est pas mort. Paris non plus.

in Les Cahiers du Football, numéro 33

Marseille-Liverpool
Ligue des Champions

Mardi 11 décembre 2007

Journée de rien, passée à tenter de marier des images dans une salle sans fenêtre du 19ème arrondissement. Je travaille, c’est tout. Réalisateur de documentaires médiocres, destinés à occuper un créneau tardif sur une chaîne hertzienne. Aujourd’hui, la victime se nomme Amy Winehouse, chanteuse londonienne qui tuerait pour être noire. Sa voix n’est pas dégueulasse. Ce n’est pas le problème. Commande du label. Je dois raconter sa vie pendant 52 minutes, oublier les zones sombres, accentuer les qualités, déjouer la vérité. Tout le monde s’en moque. Nous regardons la télévision pour ne pas avoir à vivre. J’accepte ce genre de mission pour la même raison. Mon propriétaire m’en remercie. Elle est là, maigre, tatouée, la bouche de travers, le regard absent. La beauté l’a oubliée.
La motivation est un luxe que je ne peux pas me permettre. Je deviendrais alors fou.
Je fume beaucoup. Je fais semblant d’esquisser une direction, coupe un plan trop long, demande au monteur quelques effets supplémentaires, du maquillage télévisuel, ma spécialité. Ne rien raconter, simplement imposer un rythme, le tenir, jusqu’au bout. Le résultat n’existe déjà plus. Le résultat est un mythe. Un mythe qui s’offre aux plus cons.
Je ne suis pas là.
Que les jours prennent leur temps pour crever…
Je rouvre mon exemplaire de l’Équipe. Il parle de Marseille, de son match contre Liverpool, coup d’envoi à 20h45, sur TF1. Ligue des Putains de Champions. Un nul suffit aux Français pour se qualifier pour les 8èmes de finale. Les Anglais, eux, doivent gagner. Les journalistes y croient, on sent leur excitation presque juvénile à chaque phrase. Ils en rêvent. Marseille de nouveau au sommet de l’Europe. Toute la France du football est derrière les Olympiens. Toute ?
Rires.
Plus envie de fixer les écrans. Je pars acheter des films que je ne regarderai pas. Journée de rien qui promet beaucoup. Liverpool n’est pas Metz. Liverpool peut l’emporter au Vélodrome. Je souris maintenant, dans un métro bondé, les gens, les paquets pour Noël, les poussettes, les autres. Plus que trois heures à attendre. Je paye 24 euro pour le dvd de Requiem Pour Un Massacre. Je suis incorrigible. Je le visionne à peine rentré. Un beau film russe, un beau titre, prophétique, je le souhaite ardemment. Ce soir, il me faut des larmes, de la déception nationale, du rêve qui s’écrase, des tribunes grises. Du destin contrarié.
Canapé.
Le pénalty en deux temps de Steven Gerrard me rassure. Le slalom triomphant dans la surface marseillaise de Fernando Torres m’autorise un premier, presque timide, “On va niquer ta mère, sur la cane, la cane, la Canebière”.
Ridicules dans leur costume orange et bleu trop grand pour eux, les joueurs sudistes ne cèdent même pas à la panique, ils préfèrent disparaître de la pelouse. Liverpool en fait des tonnes. Mi-temps. Je commande une pizza, le coursier se trompe dans l’addition. Je ne relève pas.
Score final : 0-4. L’ambiance légendaire du Vélodrome est enfin en accord avec la réalité. Succession de bruits lointains que la nuit emporte sans attendre. Les têtes sont basses, elles se dégonflent presque à vue d’oeil, là, en direct, sur TF1. L’espoir, refuge d’imbéciles.
Quand les publicités prennent le relais, je téléphone à deux ou trois brasseries provençales minutieusement sélectionnées sur les pages jaunes internet.
- Allo ?
- Brasserie du Vieux Port. Bonsoir !
- Je voudrais savoir s’il était possible de réserver une table
pour demain midi, trois personnes ?
- Sans problème, Monsieur. À quel nom ?
- Steven Gerrard. Non, notez plutôt Peter Crouch.
- C’est une plaisanterie ?
- Non. Pourquoi ?
- (Il s’énerve). C’est quoi ces conneries ! Qui c’est à l’appareil ?
- C’est le Paris Saint Germain qui te salue bien bas,
Marseillais.
- Petit con, va ! Va te faire enculer ! Nous, au moins, on a le
soleil !
- Vous l’avez juste dans le cul.

J’aurais véritablement adoré pouvoir écrire ici que cette conversation téléphonique n’était que pure invention. Tout de même, c’est un peu cliché, tout ça, non ?
Non.
Ils ont vraiment le soleil. Et aussi la Fonky Family. Et Zidane. Et Jean-Claude Godin. Et Patrick Bosso. Et cet accent qui chante comme mille cigales radioactives. Et la série télé Plus belle la vie. Et ils l’ont dans le cul.
Le visage de ce supporter effondré, recroquevillé sur lui-même, en gros plan, les yeux humides, le maquillage bleu et blanc en rigoles, il me réconforte.
Paris est 17ème. La Ligue 2 encore et toujours en ligne de mire. La semaine dernière, victoire à Auxerre. Dégagement foireux de la défense bourguignonne, Armand qui récupère, passe à Rothen qui centre pour la tête de Luyindula, qui profite de l’immobilisme du gardien pour marquer.
Presque un miracle. Quinze points pris à l’extérieur. Seulement quatre au Parc. Jérôme Rothen, joueur emblématique du collectif parisien, comme l’écrivent les petites plumes suceuses de crampons, pris pour cible cette semaine par quelques supporters agacés par tant de médiocrité. Il ne méritait pas ça, Jérôme. Mais qui aime bien, châtie bien, hein ?
Oui, facile. Mais pas grave non plus. Un pneu crevé, une lettre d’insultes. Une grève des ultras d’à peine un quart d’heure en début de rencontre lors de PSG-Caen (0-1), la semaine dernière. Les médias s’affolent. Oh, que la violence génère du fantasme chez les abrutis !
En revanche, nous attendons toujours de connaître la vérité au sujet de l’assassinat de Julien Quemener, le supporter tué par balles le soir du match PSG-Tel Aviv. Là, le silence l’emporte. Le silence a évidemment déjà gagné. On ne pleure pas le cadavre d’un fasciste parisien. On le piétine, on l’insulte à la rigueur. Mais on ne lui accorde pas le bénéfice du doute. Un fasciste abattu pour sauver un adolescent juif. Jean Moulin n’est pas loin. Et surtout ne pas oser évoquer l’idée que Julien était apolitique. Loin des croix gammées et des soirées aux flambeaux. Pas question. Ça compliquerait tout. Avec le PSG, on préfère toujours les raccourcis. Malgré cela, le Parc est toujours comble : des lambdas, des ultras, des indépendants, des vieux, des jeunes, des blancs, des noirs, des Arabes, des skinheads, des handicapés, des riches, des prolos, du bourgeois, du bohême, une grande poubelle. Une petite France. Je suis là-bas chez moi.
Samedi, c’est Toulouse qui monte à la Capitale. Il y a fort à parier qu’entre un détour aux putes et une visite express de la Tour Eiffel, les joueurs d’Élie Baup vont repartir avec trois points. À moins que… Que Diané foire sa reprise et score du nombril. Ou que Sylvain Armand mette enfin sa célèbre frappe de bovin en pleine lucarne. Ou que Mario Yepes, Christ du pauvre, notre Christ, se décide à cadrer avec sa tête.
Pauleta à la limite du hors-jeu, qui crochète et pousse le ballon derrière la ligne ? Wait & see, comme on dit à Liverpool. Le match aura lieu à 15 heures, décision de la préfecture de police. Au cas où… La France a peur. Les Parisiens se marrent. Des rumeurs circulent. Boulogne et Auteuil voudraient empêcher les autres tribunes d’entrer dans le stade pour le coup d’envoi. Le soufre. Toujours le soufre. On va bien s’amuser.
Avant de sombrer.

Demain vendredi, Vincent s’est débrouillé pour arranger un rendez-vous chez un éditeur, apparemment intéressé par mes écrits de supporter obsessionnel. J’imagine Parc dans les vitrines des libraires, je me vois répondre aux questions idiotes des journalistes, je reviens rapidement sur terre surtout. Je ne peux pas croire que ce livre finira par exister ailleurs que dans mon disque dur. J’ai peut-être tort. Avec tout le bordel autour de la banderole, notre situation précaire en Ligue 1, il y a peut-être quelque chose à tenter. Et puis, Parc serait une première en France.
Laissons le destin décider. Je ne maîtrise rien de toute façon. Le PSG battra, ou pas, Auxerre samedi et mon livre sera, ou pas, publié. J’ai depuis longtemps, appris à laisser faire.
Vendredi, station Sèvres-Babylone : le soleil brille, les femmes riches se croisent, elles sont désirables, toutes, elles tortillent du cul, en talons, elles marchent vite, mariées ou promises, elles se donnent sans le moindre regard. Deuxième à gauche en sortant du métro, la rue de l’éditeur. Je ne suis même pas stressé. Ce rendez-vous, je n’en attends rien. Avec Vincent à mes côtés, de toute façon, je sais que ça va couler.
Quoi qu’il arrive.
Le jeune directeur de collection qui nous reçoit est tout en mouvement, phrases rapides, il rebondit, amorce une discussion pour mieux l’étouffer, questionne façon mitraillette, le PSG, il connaît, ancien abonné du Parc, il en a aimé la ferveur. Aujourd’hui, il signe des livres. Le mien, je ne sais pas. Il ne le dit pas mais j’ai l’étrange impression qu’il aurait préféré avoir en face de lui un vrai hooligan, un tatoué et sur son bureau un manuscrit où la violence physique dégoulinerait de chaque page. Souvenirs d’un supporter extrémiste du PSG, ce genre de choses. Un livre au coeur des ténèbres. Raté. Je n’ai mis que mes tripes et mon âme dans ce bouquin. C’est tout. J’aurais pu mystifier, inventer, exagérer, raconter ce que les béotiens veulent entendre. Encore raté. Ce livre, je voulais l’écrire pour dire ma souffrance qui n’est pas de ce monde, je voulais expulser toute cette frustration de supporter que j’ai stockée depuis des milliers d’années, je voulais simplement tuer la légende.
Je sens que mon crâne rasé ne lui suffit pas. “Vous êtes vous déjà battu ?”, les interrogations sont ciblées et insistantes. Ce petit bureau rive gauche est peut-être le seul endroit en France à cet instant précis où de revendiquer son appartenance à la frange la plus radicale des Boulogne Boys aurait été non seulement possible mais souhaité. C’est plutôt déstabilisant et finalement pas vraiment surprenant. Je comprends qu’il est plus facile de vendre un témoignage choc d’un anonyme capable du pire. Un chapitre = une baston + des insultes racistes + pourquoi pas, un match. Avec, à la toute fin, la repentance, le hooligan qui explique aux enfants pourquoi c’est mal tout ça et que l’important, c’est le fair-play et pas les croix gammées et les banderoles méchantes.
Ce n’est pas que ça, le supporter. C’est aussi des mecs comme nous, des mecs pas idiots, qui ne franchissent pas n’importe quelle ligne, qui n’en peuvent plus de subir cette mascarade et qui payent pourtant pour prolonger la douleur. Des apôtres. Il n’y a que ça à raconter. Le reste n’appartient pas au football. La violence, le néo-nazisme, ça vient de loin, d’ailleurs.
Cette fidélité dévorante, cet amour absurde, démesuré, total, c’est là qu’il faut creuser. Je m’en branle des enquêtes sociologiques, du pourquoi du comment, je connais les réponses, toutes les réponses. Je sais que Paris me fait du mal, je sais que Paris me complique la tâche, je sais que Paris n’existe pas. Je sais surtout que ce livre, sans tapinage ni adrénaline, les supporters le liront. Ils le haïront, ils le recommanderont, ils en feront des blogs minables, ils le reliront.
Parviendrai-je seulement à le faire publier ?
Je pensais avoir déjà écrit quelques pages insupportables pour le non initié. Je me rends soudain compte qu’ils ne vont pas se contenter de me prier de noircir le tableau mais aussi de l’ensanglanter. Je ne voulais que dire l’indicible. Ils vont me demander de la testostérone, des bras tendus et des ventres gonflés à la bière. En direct des tribunes mal famées.
Ce livre existe aussi pour ça, briser une bonne fois pour toutes le cliché d’un supporter qui n’a jamais vraiment existé et qui nourrit les médias depuis toujours. Pas gagné visiblement.
Que je suis fatigué.
Pas découragé.
Fatigué.